Une RSS à Chevry : quelle politique pour nos anciens à Gif ?

Le projet municipal d’installation d’une Résidence Services Seniors (RSS) sur l’actuel terrain de Touch rugby du quartier de la Plaine à Gif sur Yvette, tel que présenté au Conseil Municipal suscite questionnements ou oppositions tant chez les riverains que chez un certain nombre de giffois.

Avant d’étudier les différents éléments de ce dossier, précisons quelques éléments concernant l’accueil des seniors, puisqu’il semble que tous les participants à la réunion publique de juin dernier n’ait pas la même appréciation de ce qui est réellement proposé.

  1. Les différentes solutions d’accompagnement des séniors :
  • L’EHPAD :

La plus courante, cette structure accueille des personnes de plus de 60 ans qui ont besoin d’aide et d’accompagnement au quotidien et qui ne sont donc plus autonomes. Certains établissements peuvent accueillir une unité Alzheimer.

Sur Gif, il existe actuellement un établissement de ce type sur Chevry, « Les Chênes Verts », géré par la Fondation les Diaconesses de Reuilly, et doté d’une soixantaine de lits.

  • La RSS :`

La Résidence Services Séniors est une structure privée qui accueille des personnes autonomes souhaitant bénéficier d’un logement agrémenté de services, certains compris dans la location du logement, d’autres optionnels. Ce type de structures, toujours privées, n’existe actuellement pas sur Gif.

A noter que les RSS n’emploient pas de personnel médical, que chaque résidant doit donc contacter personnellement, même si certaines RRS offrent un service de « conciergerie médicale ».

  • La Résidence autonomie :

Contrairement aux RSS, les Résidences Autonomie ne sont pas gérées par des exploitants privés, mais par une collectivité publique (le Conseil départemental, le plus souvent). Ce sont donc des établissements médico-sociaux, qui jouent indéniablement un rôle d’importance. Le concept est de proposer des logements à vocation sociale et de maintenir une cohésion forte ; c’est pourquoi les loyers se doivent d’être abordables. Dans les grandes lignes, le mode de fonctionnement est donc similaire aux Résidences Services Seniors et s’adresse au même public : des personnes de plus de 60 ans, autonomes, valides ou semi-valides (l’indice GIR des résidents est généralement compris entre 4 et 6, voire 3 et 6).

  • L’accompagnement à domicile :

Presque toujours préférable, cette solution permet tout d’abord aux séniors, autonomes ou non, d’être maintenus dans leur environnement à domicile. Cela nécessite un service « sur mesure » conçu par une définition précise des besoins, adapté individuellement tout en tenant compte des besoins collectifs, notamment ceux concernant les rapports sociaux.

  1. Le projet municipal, côté besoin des séniors

Tel que présenté à ce jour, et même si M. le Maire prétend que rien n’est fixé, le projet municipal envisage une RSS avec l’argument que ce type d’accueil n’existe pas actuellement sur la commune et qu’il existerait une demande de la part de séniors octogénaires habitant seuls dans de grands logements, mais désireux de rester sur Chevry.

La question ne se pose, selon nous, pas tout à fait dans ces termes, et ce pour plusieurs raisons :

La demande évoquée ne repose sur aucune enquête exhaustive, ce qui pose la question de l’investissement envisagé au regard du nombre de giffois réellement concernés par ce projet.

Des besoins autrement plus urgents nous semblent devoir être traités, en coordination avec le département, besoins que nous ne pouvons pour l’instant chiffrer :

  • Les besoins non répertoriés de résidence en EHPAD (l’actuel EHPAD de Chevry étant quasiment plein) ;
  • Le besoin en accueil des personnes souffrant d’Alzheimer et d’accompagnement de leurs aidants. Une RRS n’est pas une réponse satisfaisante ;
  • Le besoin d’accueil pour les personnes de 60 ans ou plus, souffrant de handicap, vivant actuellement en foyer et ne pouvant plus être maintenu dans leurs structures actuelles

Avant de se lancer dans un projet de RRS ne bénéficiant qu’à la partie la plus aisée de la population giffoise, afin de libérer des pavillons à de nouvelles familles, il conviendrait donc de lister le plus précisément possible les besoins sur la commune, voire des communes voisines, et ce afin de privilégier les publics prioritaires à une politique communale et départementale d’accompagnement des séniors.

  1. Le projet municipal, côté urbanisme

Tout d’abord, il convient de rappeler un adage qui devrait avoir force de loi : le meilleur béton « vert », c’est celui que l’on n’utilise pas !

La bétonisation qu’imposerait un tel projet, sans même imaginer les transformations qu’il apporterait dans le quotidien du quartier (comme l’augmentation des déplacements liés aux résidents comme au fonctionnement même du service), le rend à nos yeux, impossible en l’état du projet. Le rapport bénéfices/nuisances écologiques nous parait fortement négatif.

Fort de ce principe, et en fonction de besoins chiffrés et anticipés, se pose la question de la nécessité de construire une résidence ou bien plus simplement et écologiquement d’utiliser et de développer toutes les solutions qui permettront de consolider l’accompagnement à domicile des personnes autonomes comme, bien entendu, celles qui sont en perte d’autonomie ou totalement dépendantes. C’est bien plus simple et plus écologique de préférer à une RSS de luxe, des alternatives de ce genre, même si, dans le cas de petites unités (type accueil et suivi de personnes handicapées), celles-ci pourraient être envisagées et facilitées par une intégration dans de l’existant de plus petites surfaces d’une vingtaine de logements que les 120 logements évoqués pour la future RSS ! Le départ de la gendarmerie du centre de Gif permettrait, par exemple ; ce genre d’opération immobilière.

Enfin, les besoins conséquents d’accueil d’étudiants du Moulon nous autorisent à rechercher toutes les solutions permettant d’enrichir les liens intergénérationnels, en imaginant par exemple un nouveau type de « colocations ». Des exemples existent !

En conclusion, la position que nous continuerons à défendre est celle du refus, en l’état, de l’installation d’une RSS sur le terrain de la Plaine :

  • Car ces besoins non prioritaires ne servent les intérêts que des giffois les plus aisés, au détriment d’un espace de verdure utilisé collectivement par les habitants du quartier et les sportifs Giffois ;
  • Car les besoins d’un accompagnement des séniors actuels et à venir ne sont pas réellement pris en compte dans ce projet, puisque non répertoriés de façon exhaustive ;
  • Car d’autres localisations doivent être envisagées, à supposer que ce projet continue d’être priorisé tel quel par la majorité municipale : mais dans ce cas pourquoi ne pas s’orienter sur une Résidence Autonomie ?

Nous suivrons donc attentivement les concertations envisagées dans les mois qui arrivent, afin de tenter d’orienter une réflexion qui puisse prendre en compte à la fois les besoins d’accompagnement de tous les anciens et l’impératif d’une moindre artificialisation des sols.

Pour donner votre avis sur cet article, c’est ici