VEGETALISATION DES COURS D’ÉCOLE : L’EN-VERT DU DECOR MUNICIPAL !

A la fin de l’année scolaire, divers échanges entre certains parents d’élèves des écoles élémentaire et maternelle du Centre et la municipalité ont eu lieu concernant le choix municipal d’installer du gazon synthétique dans une partie des cours en rénovation de l’école (12% en maternelle et 25% en élémentaire).

Ce choix discutable s’appuierait sur la volonté exprimée, d’après M. le Maire, par l’équipe enseignante elle-même, et par une prétendue absence de position sur le sujet de la part des parents d’élèves, après une « concertation » menée lors des conseils d’école : de fait, plutôt une information, selon les parents.

Nous avons maintes fois répété que la notion de « concertation » que développe la municipalité n’est pas la nôtre : nous considérons en effet que pour un certain nombre de projets municipaux, il conviendrait d’associer les partenaires concernés par ces projets en leur donnant, bien en amont, les moyens de comprendre les enjeux – et non de les mettre face à des choix déjà quasiment élaborés – et  de construire avec eux les solutions les plus adaptées aux besoins des enfants en conciliant urgences sociétales et environnementales. A tout le moins, il faudrait leur proposer in fine les options réalistes les plus en harmonie avec les préceptes maintes fois répétés dans les bulletins municipaux et dans la célèbre brochure d’autosatisfaction « 20 ans d’écologie » !

Il ne serait pas inutile de faire également intervenir, à des fins de formation ou d’information, divers organismes et associations ayant déjà une expérience sur le sujet…

Mais de quoi parlons-nous ici ?

Tout d’abord, puisque sa pose est déjà réalisée, de gazon synthétique : un comble pour une municipalité affichant comme slogan de l’été sur les panneaux municipaux « Cet été, mettez-vous au vert ! », ponctué d’un « Gif, ma ville nature » !

Le choix d’un gazon synthétique composé notamment de fils synthétiques de polyéthylène et polypropylène (réputé plus doux, mais donc moins résistant pour les zones de passages fréquents), c’est-à-dire de dérivés du pétrole, est essentiellement un choix budgétaire.

Or la conception et la composition même du gazon synthétique sont maintenant au centre des préoccupations d’un certain nombre d’utilisateurs institutionnels depuis quelques années : outre les questions d’hygiène, de rougeurs et d’allergies dues aux frottements, se posent celles de l’imperméabilisation des sols provoquée au moins de façon partielle par ce type de surface ainsi que celles des effets sur la biodiversité, notamment celle des insectes.

Mais surtout, ensuite, un constat nous semble devoir être partagé : la conception municipale des cours d’écoles est complètement dépassée. L’espace nu et goudronné qui reste la norme, y compris dans ce cas de rénovation, et même agrémenté de quelques jeux et arbres, ne peut plus être la réponse pédagogique et environnementale que nous devons à nos enfants et à notre planète. Ce goudronnage, outre l’imperméabilisation qu’il créé, augmente durablement la température de la zone lors des épisodes de forte chaleur. Les grands espaces de bitume dignes des aires de stationnement des trente glorieuses ne sont plus acceptables. D’ailleurs, mêmes ceux-ci ont été remplacés par des dalles aérées parsemées d’herbe véritable permettant à la terre de se nourrir de l’eau de pluie et limitant la montée en température. 

Pédagogiquement, ces grands espaces – quelle que soit par ailleurs leur nature- ne sont pas des plus éducatifs : catégorisant et limitant les interactions sociales – ah, le foot majoritairement masculin au centre de ces espaces en élémentaire ! – et d’autre part elle nous éloigne de notre nécessité d’aujourd’hui : une renaturation  urgente des cours d’écoles, entre autres ! Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour sentir à Gif les quelques degrés de différence entre un espace naturel ombragé et une rue entièrement minéralisée ! 

Nous avons pu constater cet été à quel point les îlots de fraîcheur sont indispensables lorsque la température monte.

Pour en revenir à nos cours d’écoles : de multiples exemples (par exemple Paris, Lille, ou encore Paray-Vieille-Poste) montrent des philosophies et des mises en oeuvre concrètes différentes, rééquipant ces lieux de façon diversifiée mais toujours avec une perspective partagée entre tous les acteurs de proposer des lieux de vie et des solutions pédagogiques à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui : diversité des sols (bien loin de la simple alternative gazon synthétique vs gazon naturel), des activités, des modes de jeux, des espaces, des moyens pédagogiques …

Certes, cela a un coût mais des financements sont possibles grâce à l’Europe et il convient de porter également ces dossiers avec le CD91 voire la Région mais aussi le PNR de la Haute Vallée de Chevreuse, à charge pour nos communes de les convertir aux bienfaits de cette politique ! Dans sa réponse à l’une des mères, horrifiée par cette dénaturation de nos écoles, notre Maire arguait qu’il ne s’agissait somme toute que de quelques mètres carrés. Mais si toutes les communes en font autant, ces m² deviennent des hectares qui participent au dérèglement climatique et aux feux de forêts qui dévastent notre pays : quel en est alors le coût financier et humain ?

 Lors des fortes chaleurs de juin, nos enfants, faute d’ombre et de zone tempérée, en seront réduits à rester à l’intérieur lors des récréations et la biodiversité souffrira également, alors qu’elle pourrait au contraire trouver un havre bienfaisant dans une cour d’école qui ne serait pas bétonnée et dont la végétation serait riche, créant une source de fraîcheur et de nourriture.

Alors, il faut espérer que pour les prochaines opérations dans nos cours d’école, une autre méthode que le déni, l’idéologie ou le sentiment de posséder la seule vérité possible permettra plutôt un travail collaboratif à la hauteur des enjeux éducatifs, démocratiques et environnementaux d’aujourd’hui et de demain. Nous savons les services techniques en capacité de répondre à ces enjeux : ne reste que la volonté politique des élus à décider de les mettre en œuvre.

 Nos enfants et notre environnement méritent bien l’effort de se former et d’apprendre de nos erreurs !

Sur les gazons synthétiques et les cours d’école :

https://www.placedupro.com/articles/519/cours-decole-et-si-elles-devenaient-drainantes-

https://www.agirpourlenvironnement.org/campagne/ma-recre-au-vert-laisse-beton/

https://www.ege.fr/infoguerre/2020/01/polemique-autour-terrains-de-football-synthetiques

https://reporterre.net/Adieu-bitume-vive-les-cours-d-ecole-vegetalisees
https://reporterre.net/Adieu-bitume-vive-les-cours-d-ecole-vegetalisees
https://reporterre.net/Adieu-bitume-vive-les-cours-d-ecole-vegetalisees

http://castronovo.canalblog.com/archives/2019/04/15/37255537.html

Quelques exemples municipaux :

https://www.paris.fr/pages/les-cours-oasis-7389

https://www.caue91.asso.fr/nos-actions/pedagogie/ecoles-en-chantier/fa-ecoles-en-chantier-paray-vieille-poste-cour-oasis

https://www.cerdd.org/Parcours-thematiques/Changement-climatique/Initiatives-changement-climatique/Vegetaliser-les-cours-d-ecole-a-Lille-pour-rafraichir-l-air-en-ville-et-ameliorer-le-cadre-de-vie

https://www.placegrenet.fr/2020/07/29/grenoble-debitumise-degenre-cours-decole-herisse-parents-deleves/532924

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